Probablement originaire de Hesdin, ce compositeur français très prolifique est aussi maître des enfants de chœur de la cathédrale de Beauvais de 1536 au moins jusqu’à sa mort, le 21 août 1538. Parmi les rares documents connus sur sa vie, figure le traité Scintille di musica (1533) de Lanfranco : là le théoricien considère Hesdin comme un musicien moderne de très grand talent, aux côtés de Jacquet de Mantoue, Constanzo Festa et Adrian Willaert entre autres, évocation qui pourrait signifier quHesdin a séjourné en Italie. Dailleurs, parmi les œuvres d’attribution certaine (3 messes, 2 Magnificat, près de quinze motets et une dizaine de chansons, pour effectif de 3 à 5 voix), les messes et les motets ne présentent pas les mêmes caractéristiques selon qu’ils ont été diffusés par des sources françaises (comme le motet Sancta et immaculata) ou italiennes (par exemple la Missa Benedicta es celorum regina). Les pièces diffusées en premier lieu en Italie présentent une écriture en imitation plus stricte ; au contraire, les pièces parues dabord en France (notamment par le biais des presses d’Attaingnant) sont construites sur un contrepoint imitatif plus libre, souvent combiné au contrepoint libre ou note contre note (Ave Maria), écriture qui par certains égards rappelle celle de Sermisy.
La même diversité caractérise ses chansons : certaines sont plutôt homorythmiques pour lessentiel, dans le style de la chanson lyrique pratiquée par Sermisy (Doeul double doeul, de forme globale ABA’ et animée à loccasion par des passages imitatifs) ; dautres au contraire présentent un langage descriptif nourri principalement du contrepoint en imitation qui nest pas sans rappeler Janequin (Ramonez moy ma cheminée).
Marie-Alexis COLIN