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Toute recherche sur les sources musicales de la Renaissance  étant confrontée à la dichotomie sources manuscrites/ sources imprimées, il est  apparu, lors de la constitution de la base, que pour ces dernières existait  déjà un outil fort précieux, le catalogue de la chanson établi par Hubert  Daschner comme corollaire de sa thèse 
Die  gedruckten mehrstimmigen Chansons von 1500-1600. Literarische Quellen und  Bibliographie, soutenue à Bonn en 1962. La démarche initiale a consisté à  l’informatiser d’une part, et d’autre part à le compléter et en vérifier les  données. Le compléter : très peu de sources manquaient à l’appel,  essentiellement les publications de la première décennie de l’impression  musicale (Öglin, Schöffer, Antico), les trois recueils identifiés comme [Egenolff  c. 1535], et le problématique 
Trium vocum  carmina de Formschneider 15389, dénué de tout texte, même  d’incipit. Daschner n’avait pas étendu sa recherche aux psautiers, ce qui  explique que ce répertoire – provisoirement – ne figure pas non plus au catalogue ;  les psaumes isolés que l’on peut y trouver proviennent donc de recueils de  chansons spirituelles ou de livres de « Meslanges ».Enfin y  figurent les sources du début du xviie  siècle qui trouvent leur origine dans un travail de composition antérieur,  comme par exemple les 
Meslanges de du  Caurroy.
  Les ajouts structurels ont consisté en l’inclusion d’une  part des sources monodiques, puisque la recherche de Daschner se limitait aux  sources imprimées polyphoniques, et d’autre part des sources manuscrites. Ces  dernières ont donné lieu à de nombreux débats préliminaires. À quelle limite  chronologique devait-on se tenir, en reculant dans le temps, pour correspondre  à la définition de la « chanson de la Renaissance ? » La  parution du catalogue de la chanson du XVe siècle, dû à David  Fallows, semblait devoir apporter un début de solution : il  apparaissait logique de prendre appui sur sa limite supérieure (c. 1480) pour  en faire notre limite inférieure. Certes, mais comment définir avec précision  un corpus de sources manuscrites se situant autour de cette période ? Et  même dans le cas d’une datation relativement précise de tel ou tel manuscrit,  que faire d’une chanson elle-même recopiée d’une source très antérieure, à  partir du moment où une liste correcte des concordances nous fait reculer  jusqu’au milieu, sinon parfois jusqu’au premier tiers du xve siècle ? Il y avait  en l’occurrence conflit de priorité entre deux principes :  dépouillement intégral d’une source, ou historique exhaustif d’une unité  musicale donnée. La décision finale a été de se couvrir de l’autorité du 
Census-Catalogue ; toute source polyphonique qui y est affectée de la datation «   c. 1480  », et bien sûr au-delà, serait prise en compte  et dépouillée intégralement. L’avantage est de pouvoir se référer à une  documentation reconnue ; l’inconvénient est de renoncer à dépouiller des  sources qui sont probablement contemporaines, et dont certaines entrées sont  sûrement plus récentes que les plus anciennes se trouvant dans des sources qui,  elles, ont été prises en compte. Par exemple, certaines des entrées de Florence  229 ou de Bologne Q 16 sont assurément plus anciennes que bien des chansons de  Dijon 517, ou du groupe de manuscrits provenant du même atelier de copie. Dans  des cas tels que celui-ci, la concordance « Dijon » est  exceptionnellement notée, mais dans le champ des « remarques »  seulement, puisque le principe adopté consiste à ne faire figurer, en source  principale ou en concordance, que les unités des manuscrits qui ont été  réellement dépouillés. De toute façon, toute information relative à une chanson  de cette fluctuante période-frontière doit être complétée par un recours au  catalogue de D. Fallows. 
  À ce propos, là où l’équipe Ricercar pense avoir fait  véritablement œuvre utile, c’est dans le dépouillement des sources manuscrites  de la période couvrant approximativement les vingt dernières années du xve siècle. De nombreux  titres, dans les manuscrits de cette période, peuvent dès maintenant être mis  en rapport avec des titres correspondants dans les sources imprimées des deux  premières décennies du siècle suivant, et d’autre part avec les deux grandes  sources manuscrites monodiques (Bayeux et Paris 12744). Ce travail de  rapprochement, largement effectué dans les travaux bibliographiques concernant  les compositeurs individuels (Compère, La Rue, Brumel…), n’existait pas pour  les anonymes : seule la liste alphabétique globale, telle qu’elle se  présente dans le catalogue, le rend opérationnel de façon exhaustive.
  En ce qui concerne cette liste, dont l’ordre n’est pas  strictement alphabétique mais aménagé en raison de la fantaisie orthographique  et lexicale propre à la Renaissance, on se reportera au mode d’emploi qui  figure parmi les options proposées lors de l’accès à la base proprement dite,  et que l’on a tout intérêt à lire au préalable. On y trouvera d’utiles  recommandations (utilisation de la troncature, choix des procédures de  recherche, hiérarchie dans les renseignements fournis par la source, etc.).
Annie Cœurdevey