GUIDE DE RECHERCHE EN LIGNE DES CHANSONS FRANÇAISES DE L’ARS NOVA
(c. 1300 - 1415)
direction : Gilles Dulong
En dehors des éléments d’identification généraux de chaque chanson (titre, auteur, genre, sources …), les notices descriptives comprennent des informations plus spécifiques permettant des recherches plus avancées et facilitant un certain nombre de taxinomies. Chaque chanson est décrite globalement dans une fiche principale rassemblant des éléments généraux d'identification, incluant le cas échéant une contextualisation historique. Puis des fiches secondaires permettent d'accéder d'une part à des informations plus fines sur chaque pièce (sources, caractéristiques musicales et poétiques) d'autre part à la bibliographie et à la discographie.
La recherche peut s'effectuer en tapant le titre ou des mots du titre, ou bien à partir de listes : liste alphabétique par titre, liste par genre, liste par auteur. De manière secondaire, une recherche est possible par manuscrit, étant entendu que la liste de chansons obtenue par manuscrit ne fait pas apparaître la totalité du manuscrit : celui-ci peut aussi transmettre des motets, des chansons italiennes ou des parties de messe, qui ne sont pas l'objet de ce guide de recherche. La liste complète des pièces contenues dans un manuscrit donné figure dans les catalogues et répertoires des sources.
Les titres des pièces sont constitués généralement du premier vers en entier (ou des premiers vers dans le cas de chansons pluritextuelles). Lorsqu'un risque de confusion existe entre deux chansons ayant le même premier vers (dans le cas d'une citation par exemple), le début du second vers est donné pour distinguer les deux. Quelques chansons ne sont connues que par les premiers mots du texte qui en constituent le titre. Les pièces sans titre seront répertoriées ultérieurement et justifieront exceptionnellement une identification par l'incipit musical de chaque voix.
L'orthographe originale de la source a été conservée dans les unica ; dans le cas de chansons figurant dans plusieurs sources et dont les titres présentent quelques différences (qui se répercutent souvent dans les éditions musicales), on a unifié en utilisant la version présentant les formes les plus courantes (en écrivant par exemple je et non ye), mais l'orthographe plus rare est signalée dans la fiche correspondant à la source où elle figure. On trouvera une table des variantes connues des titres et leur correspondance avec les incipits retenus dans cette base. Dans quelques rares cas, une correction a été apportée à un titre fautif (dont la version erronée est néanmoins référencée) : c'est par exemple le cas de Des que boisson me fut boutée d'enfance généralement connu sous le titre Des que buisson qui n'a pas de sens.
Si le titre de la pièce n'est pas son incipit (cas de chansons dont manque la première strophe ou une partie de celle-ci), il est précédé de points de suspension entre crochets.
À partir de la fiche principale d'une chanson, il est possible d'orienter la recherche dans trois directions :
Sur les textes poétiques, des recherches sont possibles à partir des schémas métriques et des rimes.
Afin de rendre la recherche efficace, il a été nécessaire d'unifier les sonorités des rimes qui sont souvent sujettes à de variations orthographiques dans les sources, parfois dans un même texte. Ainsi, une sonorité en -is qu'on peut trouver écrite -ys figurera sous la première orthographe ; de même si une rime en -ance est parfois teintée du picardisme -anche (ce qui peut arriver pour des termes comme espérance) on la trouvera sous la forme moderne. C'est une condition essentielle pour permettre les taxinomies qui sont le principal but immédiat de ces possibilités de recherche. Sur la base de ce premier tri, il reviendrait évidemment au chercheur désireux d'affiner une recherche sur cet aspect poétique précis d'examiner les textes dans les sources.
Pour chaque pièce, le schéma de rimes est décrit sous la forme d'une série de lettres (par rime) et de chiffres (par nombre de syllabes). Pour une ballade, une coupe très courante de sept vers décasyllabiques donnera donc un schéma du type a10b10a10b10b10c10c10. Les rimes a, b, c sont ensuite détaillées respectivement dans une fenêtre à part. Cette description permet à nouveau des tris de pièces. Étant donné le caractère très différencié des formes strophiques selon les différents genres, les tris sur cet aspect ne peuvent s'effectuer qu'à l'intérieur d'un même genre.
Une évolution ultérieure de cette base de données consisterait à offrir une possibilité de recherche par noms et par mots : noms propres (mythologiques, personnages historiques, allégories comme Bel Accueil, Pitié, ...) et termes récurrents dans le champ lexical courtois, qu'il faudra prédéterminer (amour, cœur, dame, nature, ...). Cette possibilité élargirait les recherches thématiques (sujets des textes) tant dans l'optique d'un travail d'exégèse que pour des projets artistiques (concert ou enregistrements autour d'un thème littéraire).
Sur la musique, des recherches peuvent être effectuées sur le type de mesure utilisée, sur des figures de notes spécifiques, ainsi que sur les hauteurs.
Les incipits mélodiques des différentes voix de chaque chanson n'ont pas été reportés dans cette base de données : ils n'offrent pas d'intérêt ici (ils ne peuvent par exemple donner lieu à aucun classement) et ils figurent déjà dans des répertoires décrivant les sources, comme le RISM.
Pas de recherche non plus à partir du nombre de voix : une même pièce peut être connue dans des dispositifs vocaux différents (le nombre des voix peut varier ainsi que leur nature, une chanson pouvant avoir des contraténors différents selon les sources). Pour cette raison, le dispositif vocal est précisé à partir des source et non à partir du titre de chaque chanson.
Concernant le type de mesure utilisée, l'information apportée concerne la mesure principale telle qu'elle est originellement notée ; si les changements qui peuvent survenir au cours de la sont notation très limités, elle n'en a pas été tenu compte ; s'il s'agit d'une notation en augmentation, le fait est signalé dans les remarques ; si la pièce connaît de nombreux changements de mesure et s'il n'est pas possible de déterminer une métrique musicale dominante, elle est alors classée dans une rubrique générale «é autre » et un bref commentaire est apporté.
Sauf exception notable, les figures ordinaires de la notation noire (de la longue à la minime) ne sont pas signalées. En revanche toutes les figures particulières de la notation de l'ars nova ainsi que les signes mensuralistes ont été répertoriés et associés, pour chaque chanson, à la source spécifique où on les trouve. En effet, pour une même pièce, l'usage de la notation rouge dans une source peut se muer en notation blanche dans une autre source ; il n'est donc pas possible de lier ces notations particulières à la chanson elle-même, mais seulement aux sources où elles apparaissent. En choisissant une figure particulière, ou un signe, il est possible d'obtenir la liste des pièces et des sources précises dans lesquelles se trouvent ces signes et figures, puis d'opérer des classements et recoupements. Une évolution ultérieure de cette base de données devrait permettre de préciser dans chaque cas les rapports proportionnels entre les différentes figures et les significations des signes mensuralistes.
La recherche sur les hauteurs peut permettre un certain nombre de tris élémentaires des chansons, qui ne pourront être affinés que par des études s'appuyant sur les sources. Afin de limiter les recherches à des aspects pertinents, les tris ne sont ici possibles que pour les voix de cantus et de tenor, soit isolément, soit à partir des intervalles qu'elles forment à des articulations importantes de chaque forme. Les recherches à partir des autres voix ne semblent pas se justifier de manière primordiale, et auraient considérablement compliqué la conception du programme.
Le choix des deux voix de cantus et de tenor se justifient par le fait qu'ils constituent le fondement du contrepoint diadique sous-tendant généralement les compositions (cf. en particulier les travux de Margaret Bent à ce sujet). Une possibilité de faire une recherche sur le cantus seul a néanmoins été réservée en tenant compte de la thèse de Yolanda Plumley d'après laquelle c'est cette voix qui constituerait le vecteur des hauteurs.
Afin d'obtenir un tableau exact, les altérations ont été également reportées avec le maximum de précision (en respectant en particulier leur hauteur), mais il faut signaler que les sources ne sont pas toujours explicites ni rigoureuses. Parfois, une altération à la clé a du être restituée entre crochets car elle n'est pas mentionnée dans la source, mais semble nécessaire.
Les recherches possibles permettent de trier les pièces à partir des cadences ouvertes et closes, et des incipits musicaux. Le point de départ d'une recherche sur une chanson nous a paru être sa sonorité finale : c'est en effet d'après la finale que les pièces sont classées. Dans les ballades et les rondeaux il s'agit de la fin de la pièce, mais dans les virelais, il s'agit de la fin de la première partie (refrain repris à la fin). Cette sonorité finale est identifié comme clos final, une précision rendue nécessaire par le fait qu'il existe souvent, dans les ballades et les virelais, ce que nous avons appelé un clos intermédiaire. Ce dernier fonctionne en relation avec un ouvert. Clos final et clos intermédiaire sont très souvent identiques en termes de sonorité, mais ils sont différents dans quelques chansons, ce qui justifiait de les distinguer (le meilleur exemple est la ballade anonyme Ma dame m'a congié donné). Dans les rares descriptions théoriques des formes, le clos final n'est pas aussi fortement lié à un ouvert que ne l'est le clos intermédiaire qui fonctionne en binôme avec un ouvert. Il fallait donc en toute rigueur associer sans confusion cet ouvert avec son clos intermédiaire sans risque de confusion avec le clos final. C'est pourquoi la distinction (et donc l'encodage informatique) des deux clos est nécessaire. Il est toutefois apparu qu'il fallait aller un peu plus loin : en effet, certains clos finals semblaient manifestement associés à des ouverts ou du moins à des sonorités cadencielles les précédant (c'est assez typique avant le refrain d'une ballade par exemple). On a donc dû distinguer un ouvert 1, fonctionnant avec le clos intermédiaire, d'un ouvert 2 fonctionnant quant à lui avec le clos final. La nécessité de concevoir ces deux types de distinctions apparaîtra avec évidence dans le cas des ballades et des virelais duplex dans lesquels les deux parties de la chanson sont conçues selon un schéma ouvert-clos avec reprise, donnant dans les deux cas la forme AA'BB', alors que les formes simplex n'ont, en théorie, qu'un seul binôme ouvert-clos (en première partie dans la ballade, en deuxième dans le virelai).
La recherche sur les hauteurs suit donc les possibilités de cheminements suivants :
Recherche première | Recherche secondaire |
Clos final | Clos intermédiaire |
Clos intermédiaire | Ouvert 1 |
Ouvert 1 (ballade) | Sonorité initiale de la chanson |
Ouvert 2 (virelai) | Sonorité initiale de la seconde partie |
Clos final | Sonorité initiale de la chanson |
L'intérêt consiste dans les comparaisons possibles entre les différents clos, entre les couples ouvert-clos et entre les pôles sonores constituant les principales articulations de la forme musicale. La comparaison entre les ouverts et la sonorité qui les suit immédiatement à la reprise peut s'avérer particulièrement intéressante.
En dehors des tris de pièces, il est possible de faire apparaître pour chacune d'elles une fiche synthétique récapitulant son parcours sonore (de la sonorité initiale au clos final, en passant par les sonorités intermédiaires qui ponctuent les diverses sections de la forme), incluant le cas échéant les notes des voix de contratenor et celle de triplum. C'est seulement sur ces fiches que des détails intéressants peuvent apparaître, comme les croisements initiaux du contraténor sous le ténor. Les étapes majeures de la chanson apparaissent alors sous la forme du schéma suivant :
La bibliographie, incluant une discographie, permet de connaître pour chaque chanson les travaux de recherche majeurs effectués à son propos ou qui y font allusion (incluant des thèses) ; le contenu ou l'objet de chaque étude est résumé en quelques mots, comme le fait Lawrence Earp dans les notices des chansons de Machaut (voir son Guide to research). Dans les notices, chaque référence bibliographique ou discographique est abrégée au moyen de sigles et renvoie à la bibliographie-discographie générale comportant les références complètes. Les sigles distinguent :
Certaines rubriques sont évolutives ou en cours de constitution.